Bâti sur les bords de la rivière, le village de Beaucourt-sur-l’Hallue semble avoir été occupé par l’Homme depuis déjà plusieurs millénaires, comme en attestent les nombreux outils en silex, dont des haches en pierre polies, trouvés sur le territoire.
Beaucourt a donné son nom à une famille de la noblesse, à laquelle s’allièrent les Du Fresne ; le Général Du Fresne fit d’ailleurs partie de l’armée française de 1785 à 1807 et prit part aux campagnes de la République et de l’Empire.
Sur le territoire de la commune, se trouvait au XVIIe siècle un hameau avec une tuilerie au lieu-dit « Bigaudelle ».
La dénomination des rues de Beaucourt au XIXe siècle indiquait une « rue de la Tour » qui laisserait supposer la présence d’un château-fort. Cependant, aucune fouille ou travaux de construction récents n’ont révélé la trace d’une forteresse …
Durant la guerre Franco-Prussienne et la bataille de l’Hallue du 23 et 24 décembre 1870, plusieurs habitants du village furent emmenés en captivité. La bataille qui opposait les 40 000 soldats français du général Faidherbe aux 22 500 prussiens d'Edwin Freiherr von Manteuffel fit près d’un millier de pertes dans chacun des deux camps.
En 1880, le conseil municipal confie la reconstruction de l'école des garçons à l'architecte amiénois Delefortrie, qui était intervenu auparavant sur l'église. Le devis initial, qui s’élevait à 18 000 francs, est largement dépassé en cours de chantier. Monsieur De Monclin, châtelain de Beaucourt et bienfaiteur de l'église, assurera également la construction de l’école en prêtant une partie de la somme.
Cela n’empêchera pas l'inspecteur d'académie de remarquer : "C'est une coquette et confortable construction agrémentée de deux tourelles élégantes, qui ressemble plutôt à un petit château qu'à une modeste école rurale. On aurait pu, ce me semble, construire dans des conditions moins dispendieuses".
Le château
L’histoire du château remonte à 1745, lorsque les terres et seigneuries de Beaucourt, Esbart et Bigaudelle sont vendues à Alexandre Du Fresne, seigneur de la Motte et maire d'Amiens, pour la somme de 99 500 livres. C'est à lui que l’on attribue la construction du château, dont la date de 1753 apparait sur l’une des pierres de la cave.
Au XIXe siècle, sont édifiés, près du corps de logis, deux pavillons en brique dont il ne reste que les cuisines. Le chalet en brique, près du grand potager, fut construit en 1877 sur les plans de l’architecte Deleforterie. La cour de ferme date également de cette même époque.
En 1887, une campagne de travaux est conduite sur le corps de logis par l'architecte Poinot pour le propriétaire Léon de Monclin, dont les initiales sont inscrites sur le fronton du château.
Dans la cour s'élève également un pigeonnier octogonal à pan de bois sur soubassements de pierre, construit vers 1800. Il est couronné d'un épi de faîtage en forme de pigeon.
Le château fut occupé par des troupes pendant les guerres de 1870, 1914-1918, et 1939-1945.
L’église Saint-Éloi
Construite au XVIIIe siècle dans un style néo-classique, l'édifice fut malheureusement très dégradé durant l'époque révolutionnaire.
C’est en 1872, à la demande du châtelain de Beaucourt, Monsieur De Monclin, que l’architecte Delefortrie dresse les plans d'une restauration, qui sera en fait une quasi-reconstruction de l’église.
La campagne de travaux, entièrement subventionnée par Monsieur De Monclin, voit donc l'ajout d'une chapelle, la transformation du couvrement (disparition de la charpente apparente et remplacement du couvrement en torchis par une fausse voûte d'ogives en brique), la construction d'une nouvelle sacristie et la création d'une tribune. La campagne s'accompagne également de la pose de vitraux, dus à la maison Bazin et contenant les armoiries des Monclin.
L'église a été restaurée en 1998.