Gezini Curtis ou encore Gesenicourt, Gézaincourt semble indiquer qu’une importante ferme s’y serait installée après les invasions barbares à la fin du 5e siècle. En 1240, dans la même mouvance que Doullens, Lucheux ou Beauval, le seigneur de Gézaincourt Robert Frestel accorda aux habitants une charte communale. L’échevinage, ancêtre de notre conseil municipal actuel, rédigea ses coutumes locales en 1509.
Le hameau de Bretel, en direction de Doullens, était doté d’un bien curieux usage. En effet, lors de la rédaction des coutumes locales, il était demandé à tout étranger “prenant femme à Bretel” de payer au seigneur une taxe le jour de ses noces sous peine d’une amende. Futurs maris, prenez garde !
Le château
Au centre du village, au bord de la petite rivière nommée « Gézaincourtoise », se trouvait un manoir, bâti en 1605 par Marie de Brimeu, nièce de Charles de Rambures, chevalier de la Toison d’Or et Gouverneur de Doullens. Le château en pierre blanche que nous pouvons admirer aujourd’hui fut construit en 1848, à l’emplacement du manoir, par son propriétaire Louis Lallart de Lebucquière.
Il fit également édifier une élégante chapelle de style ogival gothique, sur les plans de Jean-Baptiste Antoine Lassus, architecte du Gouvernement et restaurateur de Notre-Dame de Paris avec le très célèbre Viollet-Le-Duc. La chapelle fut détruite en 1949 par la Coopérative Centrale du Personnel des Mines de Beaumont-en-Artois qui transforma le château en colonie de vacances.
Gézaincourt dans la Grande Guerre
Située sur les voies ferroviaires Doullens-Amiens et Doullens-Albert, Gézaincourt conserve encore ses anciennes gares ainsi que le tracé de ses lignes. La ligne Doullens-Albert, qui ferma en 1951, était d’ailleurs d’un intérêt capital lors du premier conflit mondial, puisqu’elle permettait le ravitailler le Front mais aussi de rapatrier les soldats blessés. Soignés dans des hôpitaux de fortune, beaucoup d’entre eux succombaient à leurs blessures et étaient inhumés sur place, comme le voulait la tradition Britannique.
La commune compte aujourd’hui deux cimetières militaires Britanniques, l’un rue de la Montagne, l’autre au lieu-dit de “Bagneux”. En plus du panorama et du cadre exceptionnel, ces lieux de souvenir abritent les tombes de plus de 2000 victimes de la Première Guerre Mondiale, dont les infirmières canadiennes tuées lors du bombardement de l’hôpital militaire de la citadelle de Doullens le 31 mai 1918.
Promenade bucolique
Garez-vous au cimetière, rue de la Montagne, et admirez la vue sur Gézaincourt et sa vallée. En redescendant dans le village, vous découvrirez ses nombreux corps de fermes, ses maisons à colombages et ses monuments comme le château, l’église Saint-Martin ou encore l’ancien hospice, aujourd’hui ESAT (Établissement et Service d’Aide par le Travail) qui propose la vente de produits locaux dans l’ancien estaminet.