Naours, Nor en Picard, est joliment blottie au fond de plusieurs vallées, dont le charme s’opère par chacune des routes qui y descendent.
D’après le célèbre érudit Picard du XVIIIe siècle Dom Grenier, Naours figure dans la première charte de la donation que la reine Bathilde et son fils Clotaire III font à l’abbaye de Corbie en 662.
Si l’histoire de la Picardie est intimement liée aux guerres et aux invasions, il en est d’autant plus pour cette commune qui, grâce à ses muches (cachettes en Picard), a su trouver très tôt le moyen de protéger ses habitants, ses récoltes et son bétail.
Des archives de 1387 et d’autres de 1547 attestent la présence d’un fermage, d’un château, de deux fours banaux et de deux moulins sur le domaine.
C’est d’ailleurs pour rappeler la présence de plusieurs moulins entre Amiens et Naours que deux moulins ont été installés successivement dans les années 1960 sur les hauteurs du village : d’abord le moulin du Belcan, provenant de Linselles dans le Nord, puis le moulin de Westmolen, de Belgique. Ce dernier, construit en 1620 à Stavèle, a fonctionné pendant plus de trois siècles avant d’être démonté et ramené à Naours. Son mécanisme complexe sur pivot et ses qualités architecturales ont d’ailleurs justifié son inscription aux Monuments Historiques en 1976. Démonté en 2017 afin d’être préservé, le moulin a été retenu par le Loto du Patrimoine en 2019 en vue d’une restauration. Ce projet est porté par l’association « Nor Patrimoine » qui contribue à la sauvegarde du patrimoine de la commune.
Le château
Le château de Naours, en partie remanié au XVIIIe siècle, a toutefois conservé les restes de l’ancien pigeonnier, ainsi qu’un mur en briques et pierres de style Louis XIII. Lors de la Révolution française, le château, faisant partie des biens nationaux, est vendu à un Amiénois. Aux XIXe et XXe siècles, il sera la propriété des différents notaires résidant à Naours. Il est aujourd’hui un lieu de réception pour les professionnels et les particuliers.
La Cité Souterraine
L’histoire des souterrains de Naours, comme ceux présents dans d’autres communes du territoire, remonte au Moyen Âge.
En premier lieu carrières d’extraction de pierre pour la construction des églises et des châteaux, leur réappropriation en tant que cachettes est connue dès la guerre de Cent Ans et s’intensifiera durant les guerres Franco-Espagnoles, dans le courant du XVIIe siècle.
La Paix d’Utrecht, en 1713, mettant fin aux guerres de succession d’Espagne, ouvrit une longue phase de tranquillité et l’usage des souterrains n’abritera plus que quelques faux-sauniers, contrebandiers du sel, frappés par le lourd impôt de la gabelle et les habitants du village qui s’y regroupaient l’hiver pour filer la laine, faisant ainsi des économies d’éclairage.
Tombé dans l’oubli et redécouvert en 1887 par l’Abbé Danicourt, curé du village, ce remarquable réseau de galeries, à 33 mètres sous terre, demeure aujourd’hui l’un des plus vastes du Nord de la France, avec près d’une vingtaine de galeries, plus d’une centaine de chambre, une place publique et même une chapelle.